Foyer
Ce sont des montagnes abruptes ou des ravines de terres noires. Des reliefs escarpés et des torrents froids même en été. Ce sont aussi parfois des causses où le vent souffle fort et où les bergers cheminent. Ce sont les territoires secrets des animaux encore sauvages et des chasseurs qui les traquent.
Ce sont des espaces où j’ai grandi, dans lesquels j’ai construit des cabanes ou des barrages, où j’ai couru et trébuché.
Puis un soir, un accident. Dans le creux de la rivière, une braise est devenue brasier et un jeune garçon a été blessé.
Dans la nuit brulante, le dialogue s’est rompu.
La culpabilité a asséché la vallée et a forcé la distance. La famille a quitté le village, les paysages sont devenus souvenirs et l’accident, silence.
Il a fallu franchir les ponts et remonter la route, pour renouer le lien et apaiser les feux.
Il ne reste que des indices du drame. Poussière volatile, la violence s’est déposée partout, derrière les paupières, sous la peau, dans l’écume des torrents. La nature a inventé son langage, je cherche des traces de pas dans la cendre, de quoi se souvient le paysage ?
Dans la combe brûle la mémoire, celle du feu qui protège et rassemble le clan, du feu qui détruit et éveille l’instinct.